Oluria

Le monde fut créé.
Oluria vit le jour, façonnée par la main de cinq êtres de lumière pure, cinq Dieux, aussi nommés Artistes. Cette assemblée n’eut qu’un seul but : faire de leur création un équilibre parfait, un art capable, de lui-même, de se renouveler et de s’embellir.
Les cieux, la terre, les mers, vint la nature, puis les éléments et enfin, ceux qui seraient destinés à les épauler : les Doyens, aujourd’hui appelés Grands Dragons. Ils étaient cinq, eux aussi, et eurent comme suivants — les Inférieurs appelés plus simplement Humains. Leur nom venait d’un mentor, fils de l’une des Doyennes, Hïmaes.
Les humains reçurent le don de comprendre, de vivre et de véhiculer l’art, mais ce don n’était pas sans prix. Leur intelligence, leur plus grande force face aux autres créatures terrestres, devint aussi leur plus grande faiblesse.
La corruption, la domination, la manipulation.
Autant de mots qui, tôt ou tard, finiraient par les ronger.
L’inévitable survint : la guerre, le conflit.
Avec eux, leur cortège d’atrocités et d’injustices, bercées par les bras d’une Mort devenue omniprésente.
Les années passèrent. Le premier cataclysme frappa.
Il marqua le réveil du Père des Songes… et le goût amer de sa défaite.
Vaincu par les nouveaux enfants des Artistes : les Anges — vulgairement appelés Porteurs de Plumes.
La grande peste vint clore les trois grandes vagues du désespoir, emportant avec elle les rêves de reconquête et de grandeur, le nombre d’êtres terrestres continua de diminuer. Les Doyens sombrèrent dans un profond sommeil, les Dieux désertèrent leur œuvre, sans un mot.
Ne restent désormais que les Anges, les Inférieurs, et les Aberrations, errants dans un monde vidé de tout contrôle.
L’abandon laissa place à la colère, puis à l’opportunité.
Cinq Inférieurs, issus d’une même fratrie, tentèrent l’impossible.
Nés dans le secret, porteurs d’un héritage dément, ils osèrent défier les Dieux, prétendre à leur place. Devenir Artistes.
L’hiver vint, les derniers flocons tombèrent.
Les cinq prétendants, vaincus, devinrent un mythe.
On les nomme aujourd’hui Démiurges — ou Démons — maîtres d’un plan où ils resteront prisonniers à jamais : l’Abstrait.
Ceux qui ont créé se sont volatilisés.
Ceux qui surveillaient dorment.
Ceux qui voulaient remplacer ont échoué.
Les humains se rassemblent sur leur dernier continent, toujours moins nombreux.
Les autres races luttent pour leur survie.
Et Oluria vacille, prisonnière d’une anarchie au bord de l’implosion, tentant de préserver un semblant d’équilibre.
Maintenant est venue l’ère du Doute